MARIE HAVEL
ARTIST
CABANES DE POCHE /
POCKET SHACKS Marie Havel Artiste site art
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Installations, dessins imprimés sur tissus assemblés, structures démontables en aluminium et plastique, notices de montage et sacs de transport, pièces uniques, dimensions variables, Marie Havel © ADAGP, Paris, 2023.
Installations, drawings printed on assembled fabrics, removable aluminum and plastic structures, assembly instructions and transport bags, unique parts, variable dimensions, Marie Havel © ADAGP, Paris, 2023.
Ce projet est lauréat de l’Aide Individuelle à la Création 2023, DRAC Occitanie et de l’Aide à la Production : Oeuvres d’art contemporain et Livres d’artiste, La Région Occitanie, 2023. Plusieurs « Cabanes de Poche » (pièces uniques) actuellement en préparation verront ainsi le jour grâce à ces soutiens dans le courant de l’année 2024.
This project received the financial supports Individual Aid for Creation 2023, DRAC Occitanie and Production Aid : Works of Contemporary Art and Artist's Books, La Région Occitanie, 2023. Several “Cabanes de Poche” (pieces unique) currently in preparation will thus see the light of day thanks to this support during the year 2024.
Dans mon travail les matériaux et les loisirs, occupations de l’enfance, prennent une grande place quant à leur rapport au cycle de construction/ déconstruction. La cabane fait partie intégrante de cette réflexion. J’ai commencé à explorer ce sujet en particulier, avec la série "Cabanes-pièges", questionnant son potentiel tant d’enfermement, que d’évasion. Si cette série, concentrée sur des cabanes faites de bois, d’éléments de nature se poursuit, celle-ci est davantage axée sur l’objet cabane commercial que nous connaissons tous, en écho avec les séries "Tapis de Jeux", "Build and Smash" ou encore celle des "Seaux de plage", pour lesquelles je tâche de préserver le plus possible l’aspect manufacturé des objets qui les inspirent. Il s’agit ici d’avoir une réflexion sur ce que peut susciter la création d’une cabane dans un intérieur domestique. Si elle évoque le campement, la toile de tente, l'évasion donc, elle suggère aussi une forme de mise en abîme d’une construction par sa présence dans une autre construction plus grande qui la contient, telle une cabane gigogne. Installer une cabane en intérieur, c'est construire un habitat dans un autre habitat, qui abrite pour un temps, celui d’une activité, qui ne durera pas. Une cabane qui protège d’un intérieur devenant alors extérieur, pourtant bien connu et délimité. La cabane est cernée par un environnement plus vaste bien que domestique. Elle réinjecte une forme de d'inconnu, d'incertain, dans le "chez soi".
Je prends comme inspiration les cabanes toilées que l’on peut trouver dans le commerce, prêtes à l'emploi, afin que les enfants sans doute ne se servent pas de tout le mobilier à leur disposition dans la maison pour en construire une. Bien que cet objet soit de fait peut-être moins amusant pour l’enfant car sa construction est prévue, organisée en kit et ne nécessite donc pas l'invention astucieuse d'un assemblage hasardeux, précaire, fait d'objets inattendus dont les fonctions sont détournées ; l'objet final par les dessins imprimés sur le tissu renvoie à une précarité et une instabilité criante. Si les coloris fantastiques, attirants de ces objets génériques sont préservés, le motif présent sur la toile de la cabane évoque ici une maison faite de débris, de tôles ondulées, de panneaux de bois mal agencés, de gravas, de restes, renvoyant davantage à une ruine fantastique qu'aux idéaux colorés et bien ordonnés des objets commerciaux. Ces cabanes renvoient à y regarder de plus près, à une forme de ruine, d' inhospitalité, de fragilité. Une cabane à l'abandon qui préserve pourtant toutes ces qualités de refuge et d'évasion une fois en son sein. Il s'agit finalement d'habiter la ruine, de grandir, d'imaginer, de créer en elle, d'apprendre d'elle.
Certaines de ces oeuvres prennent la forme de maisonnettes, d’autres de tipi. Chaque cabane est unique puisque, s’il s’agit là d’être au plus proche de l’aspect initial des cabanes de jeu commercialisées, il s’agit surtout d’opérer un pas de côté par rapport à ces dernières, par le dessin d’abord, par la singularité et le caractère unique de chaque pièce aussi, capable par la même de renvoyer à l'intimité particulière pouvant se créer entre l'habitat et son occupant, y compris par le biais d'objets touchant à un imaginaire commun.
Ces oeuvres se replient dans leur sac, unique lui-aussi. Elles pourront à l’avenir, pour certaines, intégrer un ensemble plus large d’oeuvres, constituant lui même une forme de « barda », capable de voyager, de s’installer et de s’évanouir presque dans le même temps.
In my work, materials and leisures, occupations of childhood, take a big place in their relationship to the construction/deconstruction cycle. The cabin is an integral part of this reflection. I began to explore this subject in particular, with the series "Huts-traps", questioning its potential both of confinement, and of escape. If this series, concentrated on cabins made of wood, elements of nature continues, this one is more focused on the commercial cabin object that we all know, in echo with the series "Play Mats", "Build and Smash" or even that of "Beach Buckets", for which I try to preserve as much as possible the manufactured aspect of the objects that inspire them. The idea here is to have a reflection on what the creation of a cabin in a domestic interior can generate. If it evokes the encampment, the tent canvas, the escape therefore, it also suggests a form of putting in abyss of a construction by its presence in another larger construction that contains it, like a trundle cabin. To install a cabin indoors is to build a habitat in another habitat, which shelters for a time, that of an activity, which will not last. A cabin that protects from an interior becoming then exterior, yet well known and delimited. The cabin is surrounded by a larger yet domestic environment. It reinjects a form of the unknown, of uncertain, into the "home".
I take as inspiration the canvas cabins that can be found in the trade, ready to use, so that children probably do not use all the furniture available to them in the house to build one. Although this object is in fact perhaps less fun for the child because its construction is planned, organized in kit and therefore does not require the clever invention of a hazardous assembly, precarious, made of unexpected objects whose functions are diverted ; the final object by the drawings printed on the fabric refers to a precariousness and a crying instability. If the fantastic, attractive colors of these generic objects are preserved, the motif present on the canvas of the hut evokes here a house made of debris, corrugated sheets, badly arranged wooden panels, gravas, remains, referring more to a fantastic ruin than to the colourful and well-ordered ideals of commercial objects. These huts refer to a closer look, a form of ruin, inhospitability, fragility. An abandoned cabin that preserves all these qualities of refuge and escape once in its womb. It is ultimately about living in ruin, growing up, imagining, creating in it, learning from it.
Some of these works take the form of maisonettes, others of tipi. Each hut is unique because, if it is a question of being as close as possible to the initial aspect of the game huts marketed, it is above all a matter of taking a step aside from the latter, by drawing first, by the singularity and the uniqueness of each piece also, able by the same to refer to the particular intimacy that can be created between the habitat and its occupant, including through objects touching a common imagination.
These works fold into their bag, also unique. In the future, for some, they will be able to integrate a broader set of works, itself capable of traveling, settling in and disappearing almost at the same time.