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ANTISECHES / CRIB SHEETS   Marie Havel Artiste site art

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Installation de dessins sur ardoises avec caisse en bois (craie liquide, acrylique et vernis mat sur ardoises, cadres en bois, 26 x 18 x 0,5 cm chaque et caisse en bois 35 x 28,5 x 12 cm). Oeuvres co-produites avec l'Association du Musée de Vassogne. 2023 - en cours, Marie Havel. 

Inspirée des problèmes de mathématiques posés en classe durant la Première Guerre Mondiale aux enfants, à qui en réaction à des préoccupations quotidiennes radicalement transformés de l’ensemble des populations, on ne faisait plus compter des bonbons mais des obus, à qui on ne faisait plus peser des fruits mais des sacs de sable, je me suis procuré un ensemble d’ardoises et leur boîte en bois d’occasion afin de développer une série de dessins à la craie, sur ces supports ayant un fort potentiel d’évocation de l’enfance, de l’apprentissage. 

 

Il s’agit ici d’une réflexion plus large, prenant sa source à travers ces faits, mais axée sur les traces laissées par le conflit dans l’apprentissage en classe et en dehors, de nos jours, pour les élèves grandissant sur ces territoires en portant les stigmates et qui les construisent, nourrissent leur vision, leur imaginaire. Enfant en tant qu’élève dans le département de l’Aisne en effet, les sorties scolaires étaient principalement ponctuées par les visites des sites entourant la localité, qui se trouvaient être pour nombres d’entre eux, des lieux de mémoire, des vestiges des deux guerres ayant particulièrement marqué le territoire.

    

Ainsi, après avoir arpenté le circuit des Villages Disparus de l’Aisne, près du Chemin des Dames et après y avoir recherché et collecté le peu de vestiges qu’il en reste aujourd’hui, je dessine ces quelques fragments presque invisibles maintenant, avalés par le temps et la nature qui les recouvre. Ces fragments sont inventoriés, dessinés à la craie sur ces ardoises, telles des études, des relevés instantanés de ce qu’il reste, pouvant disparaître à chaque instant, pour refléter aussi la précarité de leur situation. 

    

Ces vestiges sont les seuls à encore demeurer, quasi imperceptibles si on ne se donne pas la peine de les chercher, de savoir ce que ces morceaux éparses contiennent d’histoire, pourtant ils imprègnent et infusent dans ces terres comme en ceux qu’elle voit naître génération après génération. Ils seront sans doute recouverts un jour par la nature qui les rendra muets, invisibles et alors se seront d’autres paysages peut-être, qui prendront place sur leur base et influenceront l’imaginaire et la vision des futures générations grandissant sur ces territoires. 

    

Si la craie est ici fixée, son aspect évanescent, temporaire, est bel et bien présent, afin que l’on puisse se projeter et imaginer alors peut-être, qu’un jour, cette craie s’efface, laissant un vide capable d’accueillir le dessin d’un paysage nouveau, ayant germé de ce qui eut été. Ces « Antisèches » sont des marqueurs de mémoire, d’un temps donné, d’un apprentissage, d’une construction de l’être à travers l’observation et l’expérimentation de la ruine comme par son évolution vers de nouveaux possibles. Elles sont des aide-mémoires, des étapes de construction l’être comme du paysage. Si ces vestiges disparaissent ils n’en demeureront pas moins présents, dans la mémoire de ceux qui les auront un jour observé comme dans celle de ceux qui en observeront les transformations futures.

 

 

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