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PRINTEMPS DU DESSIN 2022
Angles morts / Angles vifs, La Conciergerie, Paris.

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"Angles morts / Angles vifs", la Conciergerie, Paris, le Printemps du Dessin 2022. Projet réalisé en collaboration avec le Service éducatif de la Conciergerie.

5 avril : Journée de rencontre et présentation du projet aux étudiants de l'Ecole Alsacienne, Prép'art Paris et Beaux-Arts de Paris

16 mai : Performance collective et accrochage des réalisations de la journée.

17-23 mai : Exposition des oeuvres.

Vidéo (crédits CMN) :

Note d’intention de lancement du projet d'atelier artistique Marie Havel Le Printemps du Dessin 2022 - La Conciergerie

Nom du projet : Angles morts / Angles vifs

 

A travers des techniques variées et souvent entre modélisme et dessin, mon travail questionne principalement la notion de ruine au sens large du terme, interrogeant tant la nature que l’individu. De ses traces ingérées par le paysage et l’histoire collective ; jusqu’à l’environnement domestique le plus intime et les rituels de l’enfance, du jeu ; je tente de saisir l’instant où survient la ruine mais surtout à envisager la réactivation des ruines et les possibles changements d’identité des lieux ou paysages, de révéler la réappropriation des lieux par le souvenir, par les individualités, à travers la notion peut-être de « paysages usagés ». Je cherche ainsi à pointer l’histoire individuelle dans une histoire plus collective et surtout à envisager la ruine comme possible mode de construction à part entière, comme support de nombres d’apprentissages, d’adaptations et de (re)constructions. Ce travail relève ainsi de tensions, de points d’équilibre et de cycles de construction / de(con)struction, découvertes / recouvrements. Ainsi il consiste en une mise en relation, en tension entre la ruine constituante du paysage, de l’architecture, d’une grande histoire commune extérieure parfois lointaine et des paysages pouvant être qualifiés de domestiques, d’environnements intimes et intérieurs, en apparence plus naïfs et familiers.

 

A la lumière des premiers échanges entrepris avec le service éducatif de la Conciergerie et de la première visite des lieux, il apparaît selon moi un lien ténu entre cette recherche artistique et le lieu, les supports envisagés pour une réflexion commune à travers la réalisation de cet atelier de pratique artistique dans le cadre du Printemps du Dessin 2022 à la Conciergerie.

 

En effet tout d’abord, si le lieu est ouvert aux visiteurs pour ces attraits historiques, patrimoniaux, ce lieu n’est cependant pas figé dans l’Histoire. Il vit entre ce qu’il donne à voir de son histoire, de notre histoire ; mais aussi de ce que peuvent y projeter individuellement chacun des visiteurs qui en franchi les murs, qui traverse ses espaces ; de notre temps, de notre contemporanéité. Il est ainsi transformé en l’esprit de chacun, qui se l’approprie à la lumière de sa propre identité et expérience intime, de son unicité. Il est également un lieu ayant subi de nombreuses transformations tant naturelles que résultant de la main de l’homme, de nombreux travaux, qui lui permette de traverser le temps, les époques, de s’y adapter et de s’ouvrir aux regards de chacun.

 

La salle proposée pour l’atelier permet encore davantage une ouverture vers le quotidien, l’intimité, par ses dimensions déjà, par sa fonction surtout. La cuisine ; espace domestique, intime, lieu central de vie et d’échange de chaque foyer ; où se joue le rituel du quotidien peut ainsi permettre de créer ce lien particulier entre la Conciergerie et les participants à cet atelier. Les fenêtres ; espace d’ouverture, de projection des possibles, des rêves et fantasmes ; ont dans cette salle été en partie condamnées. Elles ne laissent plus transparaître la lumière, l’horizon. Les points de vue qu’elles autorisaient sont perdus, bouchés, tels des angles morts. S’il ne s’agit pas ici de ruine au sens commun du terme, il s’agit cependant donc de se saisir de points de vue contraints, niés, supprimés, afin de les faire redevenir des supports du regard, des espaces de création vivants, actifs, des angles vifs.

 

Ce sont ces fenêtres obturées qui ont été choisies comme support de travail pour cet atelier, pour nos recherches. Je propose donc de chercher à redécouvrir ou même redéfinir ensemble ce qui pourrait se cacher dans ces espaces fermés afin qu’ils redeviennent des espaces transitionnels, endroits de passages ouverts sur l’extérieur comme sur l’intimité, l’individualité de chacun des participants, sur notre époque. La proposition faite serait d’imaginer ce qu’auraient pu ou pourraient donner à voir ces encadrements de fenêtres s’ils n’étaient pas bouchés, occultés. Si le verre était encore présent pour permettre d’entrevoir ce qui se cache derrière ces murs ou refléter l’activité que la salle contient. Il s’agit ainsi de permettre à ces espaces de s’ouvrir à nouveau vers nos imaginaires. Que pourrions-nous y voir ? Quelle nouvelle ouverture pourrions-nous autoriser à ces encadrements délimités, cernés, condamnés ? Ils pourraient s’ouvrir à nouveau sur le passé de ce bâtiment, de cette architecture, comme permettre une vision fantasmée d’un lieu imaginaire et devenir alors des passerelles entre les époques comme entre espace réel et fictionnel et permettre à ce lieu d’affirmer encore davantage son ancrage contemporain, sa capacité à se mouvoir, à ne pas être figé dans le passé ou écrasé par l’Histoire.

 

Comme support de ces réflexions qui peuvent être multiples et variées et qui pourront être définies plus précisément lors de la première journée de rencontre et d’échanges entre les différents participants, il a été émis l’hypothèse de fixer d’abord la recherche à travers des contraintes communes à tous, pour délimiter déjà un premier périmètre de travail. Ainsi, il a été envisagé la possibilité de l’utilisation de plaques de polycarbonate transparentes comme support du travail de dessin qui pourra être entrepris.

 

Ce matériau, permettant habituellement de laisser passer la lumière dans la création de fenêtres, de toitures, d’abris, d’ouvertures temporaires ou de serres de jardin permettrait ici déjà par son usage habituel et sa transparence de rendre à ces espaces obturés un peu de leur fonction première. Aussi, en ce qu’il est très contemporain, industriel, ce matériau permettrait de trancher avec l’histoire du lieu et ses matériaux anciens, nobles. C’est un matériau qui nous entoure quotidiennement, dans des formes et usages très variées. Au contraire du verre, qui autrefois peut être comblait ces encadrements aujourd’hui murés, ce matériau plastique est léger, souple mais aussi très résistant. Sa transparence incertaine, floue, voilée, permettrait ensuite de suggérer une possibilité de voir à travers lui, d’envisager des espaces troubles aux contours incertains, des superpositions. Dessiner sur lui, le disposer dans l’espace de ces ouvertures jusqu’à peut-être le faire déborder, l’étendre sur le sol de la salle comme des bris de verre inoffensifs, en mouvement, supports de ce que ces ouvertures pourraient / pouvaient donner à voir comme des restes de paysages qui au gré des volontés de chacun pourraient se tenir en un équilibre incertain et recomposer l’espoir d’entrevoir, l’espoir d’un horizon.

 

Ce matériau permettrait alors déjà d’interpeller par sa simple présence en ces lieux et de créer une rupture, une tension mais aussi donc un premier pont, une continuité entre les époques comme entre le lieu et les participants puisqu’il s’agit-là d’une matière plastique connue, récente, omniprésente avec une forte charge évocatrice, manipulable et appréhendable par chacun, relevant davantage de notre sphère quotidienne contemporaine. Un point d’entrée, une matière d’appropriation qui pourrait être accentuée encore dans la manière dont nous pourrions ensemble l’agencer dans cet espace. Il ne s’agit pas en effet de simplement chercher à combler le vide laissé par l’obturation de ces fenêtres mais d’étendre peutêtre cette ouverture dans une forme d’installation dessinée, capable d’occuper l’espace et de lui offrir de nouvelles lignes, suggérant encore davantage de mouvement, de vie. Pour cela, nous pourrions nous inspirer d’une logique de jeu de construction et permettre aux réalisations dessinées de se regrouper, de faire corps entre elles et avec les espaces muraux, en liant des plaques entre elles jusqu’à leur offrir un équilibre, une cohésion fragile mais forte, mouvante afin de nous saisir du cadre donné comme support pour aussi s’en échapper, s’évader. Il s’agit donc de palier à ces angles morts pour les faire devenir des angles vifs, des horizons mobiles, des perspectives à construire, imaginer et à construire ensemble.

Note d'intention spécifique à l'oeuvre proposée

Angles morts / Angles vifs - Archéologie préventive

Marie Havel, création in situ

Suite à la première note d’intention, amorce du projet intitulé « Angles morts / Angles vifs », se dessine ici la concrétisation de la performance qui se tiendra le 16 mai dans les cuisines de la Conciergerie. Le choix premier avait été de déterminer le périmètre d’action de chaque groupe par le choix de matériaux précis et commun à l’ensemble des participants dans un souci d’égalité comme d’équilibre visuel, mais aussi afin de permettre un dessin capable de se déployer sous des formes variées, de s’articuler, de communiquer dans l’espace.

 

Ainsi le support du dessin, constitué de plaques de polycarbonates transparentes, a une incidence toute particulière sur mon choix d’intervention. En effet, si ce matériau plastique très contemporain ; tranchant d’abord avec la noblesse des matériaux du lieu ; revêt de multiples usages, celui qui m’importe ici le plus est son utilisation comme revêtement temporaire, de chantier, de protection ou puit de lumière d’appoint, en remplacement d’un verre brisé ou avant que celui-ci ne soit posé.

 

J’ai souhaité accentuer encore cet aspect temporaire, d’entre-deux, d’un chantier possiblement à venir ou mis sur pause, par un dessin se déployant sur ces supports agencés eux même comme une fenêtre brisée, comme s’écroulant face au poids de ce bâtiment qu’elle ne peut contenir, protéger, explorer. Il s’agit d’imaginer une forme « d’archéologie préventive », comme celle opérée avant des chantiers afin de repérer ce que le sol peut contenir tant comme potentiel archéologique que comme infrastructures diverses.

 

Ainsi, le dessin prendra la forme de sigles, d’une nomenclature habituellement visible préalablement à un chantier d’exploration des sous-sols, d’excavation. Ces sigles colorés, entremêlés, témoigneront de la complexité qu’il pourrait y avoir à tenter d’imaginer ce qui peut se cacher derrière les fenêtres obstruées, d’un bâtiment maintes fois modifié à travers l’histoire. Un bâtiment ayant subi l’enfoncement dans les sols si bien qu’aujourd’hui la salle des cuisines se retrouve semi-enterrée. Un bâtiment aux usages variables, aux fortifications tant protectrices qu’excluantes au fil du temps, ayant subi des incendies, des crues, des rénovations, des reconstructions et réagencements dont les techniques et technologies ont pu s’empiler jusqu’à se confondre au fil du temps.

 

L’installation, formée donc par des éléments d’une future possible construction ou découverte, s’avoue vaincue, comme croulant sous le poids d’un diagnostic impossible à déchiffrer, submergé par la foule d’éléments que pourraient contenir ses pierres.

https://www.printempsdudessin.com/

Notes d'intentions étudiants

Beaux-Arts de Paris : Habiter les dessins des autres 


 
« Le neuf se bâtit toujours sur les ruines de l’ancien.» - Didier Le Pêcheur (Les Hommes Immobiles). La ruine est ainsi pour nous une empreinte humaine, s’inscrivant dans un paysage qu’elle modifie. De la même manière, nous habitons les dessins des autres en les recouvrant ou en les complétant par de nouveaux gestes. L’espace du dessin devient donc la ruine de notre performance du 16 mai 2022. 

Etudiants : Elina Huneman, Evane Wilcockson, Alexis Gavriloff, Misha Zavalniy. Atelier de Wernher Bouwens

Ecole Alsacienne : Monument Historique

Se servir des lieux et de leur histoire pour créer un « monument historique » qui s’élance dans la profondeur de l’espace de la fenêtre et s’élève, tant bien que mal, de manière autonome. La construction sera chronologique et fonctionnera avec l’idée de strates archéologiques. Les périodes plus anciennes, en bas, seront plus incertaines et obscures. Elles
seront comprimées par les structures supérieures plus récentes et leur serviront de fondations. Chaque partie de la fabrication présentera des éléments graphiques fragmentaires de l’histoire, telle qu’elle a survécu dans ses traces matérielles ou dans les récits. Le monument comportera six périodes importantes pour la Conciergerie, qui s’associeront et s’entremêleront pour construire ensemble une Histoire commune, se terminant à son sommet par le temps présent.

Elèves : Aubin Victor, Augustiniak Renée, Ayache Ava, Bourdier Calypso, Cardoso Axel, Crambes Élise, Déan Loïc, Deteneuille Sara, Feller Jeanne, Funck Brentano Clara, Hamas Hoxana, Hariri Gautier-Picard Grégoire, Helias Diego, Kieffer Louise, Ostrove Shulamit, De Poix Alma, Rozen Lily, Turki Aïda. Enseignant : Pierre-Marc Foucault

Ecole Alsacienne : Casse-têtes

S’installer par terre, dans deux travées des cuisines médiévales. Des fragments de verre rassemblés reproduiront au sol le schéma exact des croisées d’ogives des voûtes de la salle. Sur ces débris aux tailles et aux formes diverses apparaitront graphiquement les témoins de l’histoire politique mouvementée des lieux. De l’oppidum antique à l’utilisation des cuisines comme souricière du palais de justice au 19 ème siècle, ces lieux chargés de contrastes violents (luttes sanglantes / conquêtes universelles ; oppressions individuelles ou collectives / humanisme fougueux) seront la source d’expérimentations artistiques dans lesquelles les individualismes s’affronteront plastiquement pour finir par se conjuguer au sein d’une œuvre qui les dépasse…

 

Elèves : Andrianandrasana Ylan, Bosq Maxime, Cario Tamara, Carré de Malberg Neige, Cistoi Florin, Cugnet Ninon, Danset Gabriel, Herbulot Lucas, Lopez Almudena, Maso Y Guell Rivet Olympe, Olmer Mila, Plantier de l’Écotais Joséphine, Pollard Scarlett, Tubiana Warin Julien. Enseignant : Pierre-Marc Foucault

Prép'art : Memoria Storia - Fragments de mémoires éclatées


« La mémoire n’est ni la sensation ni une conception de l’esprit, mais elle est la possession ou la modification de l’une des deux, quand le temps s’écroule. Par suite, la mémoire s’applique indirectement aux notions intellectuelles ; en elle-même elle relève du principe de la sensibilité. » Aristote. Pour ce projet qui tend à redonner un sens à ces fenêtres obstruées et murées, ces espaces figés du temps, nous avons voulu exposer l’explosion des mémoires de ce lieu historique aux multiples facettes. Telle une fenêtre brisée, avec ses angles vifs et ses angles morts, elle donne à voir des fragments de mémoires éclatées. Nous restituons cette « fenêtre ouverte sur l’histoire », en suivant l’idée d’Alberti dans son livre mythique sur la peinture. Nous faisons de cette fenêtre un lieu de mémoire avec des angles vifs, des morceaux de mémoires retrouvées, et des angles morts, des oublis, des manques, des trouées du temps. La nouvelle fenêtre révèle alors une histoire de mémoire, une Memoria Storia. « La forme architecturale est, naturellement, la forme la plus normale de l’art classique de la mémoire » Frances A. Yates - L’art de la mémoire.

Etudiants participants : Alix Augier, Maud de Saint Vian, Calixte Dugelay, Lucy Dupriet, Te Ata Hapaitahaa-Conroy, Flore Letoffe, Clément Lobjoy, Jana Osman, Sharah Rousseau, Giulia Trasente.
Artiste enseignante : Agnès Decourchelle. Coordinateur : Lionel Dax

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