Dessins aux flocages de modélisme (matières synthétiques) sur cartons-gris (d'encadrement, ph neutre), Marie Havel © ADAGP, Paris, 2017.

Model flockings drawings (synthetic materials) on pulpboards (for faming, acid free), Marie Havel © ADAGP, Paris, 2017.

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Ce travail réunit sur de mêmes formats, les pratiques fondatrices de mon travail que sont le dessin et le modélisme. Il s’agit de lieux connus et expérimentés, ici des départements de l’Aisne et du Pas-de-Calais. Empreints d’une forte charge historique,  ces territoires qui ont été très marqués par les deux guerres mondiales en conservent les traces parfois de manière très explicite à l’image des restes de bunkers que cette série de dessins explore. En ces lieux, qu’il s’agisse de la forêt ou du littoral, ces bâtiments semblent mouvants ; la végétation, le sol, les éléments naturels semblent les gravir jusqu’à les ensevelir, peut-être  les assimiler. Ces ruines « en train de se faire » paraissent se greffer petit à petit au sol, à leur environnement, jusqu’à les intégrer totalement, devenant bientôt le support invisible à de nouvelles constructions, à de nouveaux paysages. Le choix de n’utiliser que des matériaux de modélisme dans la réalisation du dessin en les extrayant donc de leur usage classique (maquette de reconstitution historique, d’architecture ou de jeux de plateaux), permet de mettre en tension ces matériaux ; relevant du projet, de l’idée naissante, du patron ; avec un lieu davantage évocateur de ruine, de destruction, afin peut-être de les percevoir autrement, de tenter de concevoir ces ruines comme des esquisses / projets de paysages en devenir. Comme si la ruine pouvait à elle seule constituer un mode de construction, un état envisageable, une potentialité. Il s’agit en effet de se projeter sur le devenir de ces bâtiments, d’observer leur latence et leur évanescence. Les nuisibles qui les parcourent et les entourent contribuant finalement peut-être davantage à leur digestion, à leur transformation qu’à leur fin.

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This work brings together, the founding practices of my work which are drawing and model making. These are known and experienced places, here from the departments of Aisne and Pas-de-Calais. Imbued with a strong historical charge, these territories which were very marked by the two world wars preserve their traces sometimes very explicitly like the remains of bunkers that this series of drawings mostly explore. In these places, whether it is the forest or the coast, these remains, buildings seem to be moving ; vegetation, soil, natural elements seem to climb them to the point of burying them, perhaps assimilating them. These ruins “in the process of being made” seem to be grafted little by little to the ground, to their environment, to the point of totally integrating them, soon becoming the invisible support for new constructions, for new landscapes. The choice to use only modeling materials in the creation of the drawing, therefore extracting them from their classic use (reconstitution model history, architecture or board games), allows these materials to be brought into tension; relating to the project, the emerging idea, the pattern ; with a place more evocative of ruin, of destruction, in order perhaps to perceive them differently, to try to conceive these ruins as sketches/projects of becoming landscapes. As if ruin could in itself constitute a mode of construction, a possible state, a potentiality. It is indeed a question of projecting ourselves into the future of these buildings, of observing their latency and their evanescence. The pest vegetation that run through and surround them perhaps ultimately contribute more to their digestion, to their transformation than to their end.

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